Conçue comme une série, The Division bénéficie d’une version éditée pour profiter de ce qu’elle offre de mieux dans les salles de cinéma, mais, à cette fin, elle finit par compromettre sa narration. C’est ce que nous propose ce soir, mercredi 28 juillet, Canal+ à 21h05.
Ceux qui ont vécu à Rio de Janeiro dans les années 1990 ont ressenti la peur provoquée par la vague d’enlèvements qui a hanté la ville. Inspirée par ce fait réel, le film The Division a pour devise la création d’une force d’intervention, la Division Anti-Kidnapping, connue historiquement pour ses résultats positifs. Le long-métrage réalisé par Vicente Amorim est en fait un double produit : long métrage en salles et série originale de la plateforme de streaming Globoplay. En effet, le film est un montage de 134 minutes réalisé à partir de l’arc de la première saison qui, avec seulement cinq épisodes, n’est pas beaucoup plus longue que cela.
L’axe de cette production/saison réside dans la résolution de l’enlèvement de la fille adolescente d’un politicien parmi de nombreuses autres affaires moins importantes. Cependant, la première audace de l’œuvre est d’équilibrer un nombre relativement important de personnages qui, outre leurs protagonistes, ont une importance suffisante pour l’intrigue. Ainsi, Erom Cordeiro tient le rôle central du policier Santiago – qui incarne un Colin Farrell brésilien – aux côtés de l’adjoint Mendonça, joué par Silvio Guindane. Avec eux vient la deuxième audace : tous deux sont loin du stéréotype des héros, à tel point qu’ils peuvent à peine être considérés comme des anti-héros. Santiago est un agent corrompu qui, avec ses partenaires Ramos (Thelmo Fernandes) et Roberta (Natália Lage), extorque des bandits en échange de leur liberté. Mendonça, en revanche, est connu comme un génocidaire en raison de l’extrême truculence de ses raids policiers. Bien que chacun d’entre eux ait sa propre morale, ils ne sont pas exactement les « bons » en raison de la nature problématique de leurs actions. Moins douteux par rapport à leurs rôles sont Marcos Palmeira, Osvaldo Mil, Augusto Madeira, Bruce Gomlevsky, Cinara Leal, Rafaela Mandelli, entre autres, dans une distribution qui est généralement au-dessus de la moyenne.
Par le soin apporté à l’esthétique, « The Division » vise à être bien plus que cette série policière à regarder avant d’aller se coucher. Les couleurs uniformes, la mise au point de l’objectif et le positionnement des lumières et des caméras révèlent une conception visuelle qui révèle le souci de Vicente Amorim et du photographe Gustavo Hadba de construire une identité pour la production. De grandes œuvres nationales similaires, telles que « Tropa de Elite » et « O Lobo Atrás da Porta », sont rappelées pour le même soin. Ainsi, emmener une version redux de la série dans les salles de cinéma a un objectif plus noble que capitaliste : la beauté des images est réellement mise en valeur sur grand écran. D’autre part, une telle décision a un coût trop élevé pour la justifier. La narration de la première saison est déjà super maigre, alors quand il faut faire plus de coupes pour la formater pour le cinéma, le rythme et le scénario en souffrent de telle sorte que cela nuit à l’expérience du public et, par conséquent, compromet la qualité finale de l’œuvre.
En outre, en raison du peu de temps consacré à mieux développer la complexité de l’histoire, même dans sa version sérialisée, la compréhension de l’intrigue repose en grande partie sur le grand et dynamique montage de Daniel Lemos. Cependant, le résultat dans les salles de cinéma est équivalent à essayer de lire des mots écrits uniquement avec des consonnes, sans les voyelles. Il est possible de comprendre, mais il est évident que des parties manquent. Ainsi, bien que le son et l’image soient mieux appréciés dans les salles de cinéma, les coupes effectuées nuisent à la narration qui teste déjà les limites des ellipses dans le format original.
Il convient de noter que la nécessité de reproduire Rio de Janeiro à la fin du siècle apporte une complexité supplémentaire au département artistique, qui doit être fidèle aux costumes et aux décors, y compris aux voitures, téléphones, meubles et appareils électroniques de l’époque, sans trop attirer l’attention. Une autre caractéristique de « The Division » qui mérite d’être soulignée est la décision de ne pas éloigner la caméra dans les moments les plus brutaux. Il n’y a pas de jeu de montage pour que la violence ne se passe que dans la tête du spectateur. Les actions sont explicites. Lorsque quelqu’un en tire un autre, de bons effets spéciaux permettent de voir l’ensemble de la scène, aussi dure soit-elle. On ne peut nier un changement de ton dans ces séquences, qui se rapprochent parfois d’un film d’horreur. De tels sauts peuvent déplaire à une partie du public qui apprécie l’action policière, mais qui n’a pas autant d’estomac pour les litres de sang versés.
La provocation de la production ne se limite pas non plus à la violence graphique. Certains personnages sont amenés à prendre des décisions choquantes qui peuvent déclencher des réactions d’un public très impliqué ou même en décevoir certains avec le résultat de la version adaptée pour les salles de cinéma. La bonne nouvelle est que, dans la chronologie de « The Division », le film couvre les événements des quatre premiers épisodes, laissant les conséquences pour le cinquième et dernier épisode de la première saison, qui prépare également le terrain pour la seconde avec l’ajout de nouveaux personnages. Pour le spectateur qui souhaite avoir une expérience plus positive de l’œuvre, préférez la série, mais sur la meilleure télévision possible pour profiter de toute la cinématographie qu’elle offre.
The Division est diffusé ce 28 juillet 2021 à 21h05 sur Canal+. Vous pouvez également retrouver le film sur myCanal.