A 21h04 ce 27 juillet, Canal+ vous propose de regarder My Beautiful Boy avec Timothée Chalamet et Steve Carell, un film dramatique qui traite d’un sujet sensible, la toxicomanie.
My Beautiful Boy marque les débuts en langue anglaise du cinéaste belge Felix Van Groeningen, ainsi que l’aboutissement d’une tentative de dix ans d’adapter sur grand écran les mémoires de David et Nic Sheff sur l’expérience de ce dernier dans la lutte contre la toxicomanie. Le film, tiré d’une histoire vraie, a été projeté dans de nombreux festivals avant sa sortie en salles et a reçu un accueil généralement positif, en particulier pour les performances des acteurs principaux Steve Carell et Timothée Chalamet. En effet, à bien des égards, le casting de My Beautiful Boy surpasse la plupart des autres acteurs du film. My Beautiful Boy est bien interprété et traite d’un sujet sensible avec le soin qu’il mérite, mais finit par être un film « important » plus qu’un film bien fait.
Dans My Beautiful Boy, Steve Carell incarne David Sheff, un journaliste professionnel dont le fils Nic (Chalamet) commence à boire et à se droguer alors qu’il est encore adolescent, dans les années 1990. Lorsque Nic devient un jeune adulte, il a consommé à peu près toutes les drogues existantes et a développé une dépendance au crystal meth. Désespérant d’aider son fils avant qu’il ne soit trop tard, David fait entrer Nic en cure de désintoxication et y retourne lorsqu’il rechute, tout en faisant des recherches pour mieux comprendre ce que vit son fils.
Pourtant, David, sa femme Karen (Maura Tierney) et son ex-femme, la mère de Nic, Vicki (Amy Ryan) ont beau essayer d’aider Nic à rester sobre, il semble inévitablement rechuter et se droguer à nouveau. Au fil du temps, la relation de Nic avec sa famille devient de plus en plus tendue, car il prend des mesures de plus en plus désespérées pour continuer à se droguer, une fois que le stress de la sobriété devient trop lourd à supporter. Ainsi, David est finalement contraint de se confronter à de dures vérités sur ce qu’il doit faire (ou, plutôt, ne doit pas faire) pour que Nic se rétablisse enfin complètement.
Adapté des mémoires de David et Nic Sheff (Beautiful Boy et Tweak) par Felix Van Groeningen et le scénariste Luke Davies (Lion), My Beautiful Boy a pour principale force de faire comprendre que la guérison de la toxicomanie est un processus cyclique et que la rechute est souvent une étape nécessaire vers un état de sobriété plus permanent (ce qui peut sembler contre-intuitif). Le problème est qu’un mémoire littéraire se prête davantage à une narration répétitive qu’un film en trois actes. C’est manifestement un problème auquel Groeningen s’est heurté pendant la post-production de My Beautiful Boy, à en juger par les rapports selon lesquels il a passé sept mois à monter le film et a même assemblé plusieurs coupes différentes avant de le terminer avec l’aide de son collaborateur de longue date, Nico Leunen. Malheureusement, le montage final a toujours des problèmes de rythme et a du mal à trouver un rythme dans ses histoires répétitives.
Le montage de My Beautiful Boy peut certainement être émouvant, notamment lorsque David se souvient des jours heureux de sa vie avec un Nic plus jeune (notamment un Nic de 12 ans joué par Jack Dylan Grazer de IT). Cependant, même ces flashbacks peuvent sembler mécaniques et ne parviennent pas toujours à apporter une plus grande profondeur émotionnelle ou un sens à une scène, comme le font des flashs similaires dans First Man (pour citer un exemple récent). On pourrait en dire autant des autres éléments techniques du film, qu’il s’agisse de la superbe photographie de Ruben Impens ou des chansons que Groeningen utilise pour exprimer l’humeur d’une séquence ou d’un moment particulier. Si My Beautiful Boy est parfaitement respectable du point de vue de sa facture générale, il n’y a rien qui se détache vraiment du film ou qui lui donne une personnalité ou une saveur unique.
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Ce sont les performances de Steve Carell et Timothée Chalamet qui, en fin de compte, confèrent à Beautiful Boy la majeure partie de son pathos et lui permettent d’avoir un impact plus fort que celui qu’il aurait pu avoir sans eux. Chalamet a réussi à trouver du poids à perdre et, ainsi, à mieux représenter le physique d’un toxicomane, mais c’est sa capacité à saisir le sentiment contradictoire de culpabilité, de frustration, de désespoir et (parfois) de joie de Nic qui donne vraiment vie au personnage à l’écran. Carell excelle également dans la réalisation de toute la gamme d’émotions de David, qu’il soit aux prises avec sa peur que Nic meure s’il ne laisse pas tout tomber pour le sauver ou avec sa colère que les problèmes de Nic se produisent en premier lieu. Si My Beautiful Boy est avant tout une histoire père-fils entre David et Nic, il offre également à Tierney et Ryan un ou deux moments pour briller (même si les deux actrices finissent par se sentir sous-utilisées, il faut bien le reconnaître).
À ce propos, on peut aussi se demander si My Beautiful Boy n’aurait pas gagné à élargir son regard pour mieux intégrer les expériences de Karen et Vicki face à la désintoxication de Nic et/ou à s’intéresser de plus près aux privilèges dont Nic bénéficie (étant donné qu’il est issu d’une famille blanche de classe moyenne plutôt confortable). En fin de compte, cependant, le film s’attache principalement à raconter son histoire à travers les yeux de David et Nic, afin de mieux mettre en lumière le combat personnel de Nic contre la toxicomanie. Cette approche relativement peu transversale explique en partie pourquoi My Beautiful Boy a tendance à ressembler à un message d’intérêt public très bien intentionné, mais un message d’intérêt public tout de même.
Même si My Beautiful Boy n’est pas un grand film, il réussit à être un film qui a un réel sens du but et une raison d’être. C’est aussi un film qui se targue de deux performances émouvantes et qui renforce la réputation de Carell en tant qu’acteur capable de gérer aussi bien le drame que la comédie, tout en maintenant l’étoile de Chalamet sur le devant de la scène. My Beautiful Boy n’est (évidemment) pas un film facile à regarder et fera sans doute verser quelques larmes à certains spectateurs, mais il vaut la peine d’être vu, que ce soit en salle (pour suivre les candidats aux prix de cette année) ou plus tard, lorsque vous pourrez le regarder et pleurer dans le confort de votre propre maison.