Pour ceux d’entre nous qui ne partagent pas les goûts musicaux de Morse – et nous aurons droit à un regard narquois de la part de notre homme, car sa méchante (ou presque) belle-mère Gwen (Lynda Rooke) serait sans doute la première à nous avertir.
Attention, cet article contient quelques spoilers sur l’épisode 2 de la saison 8 des Enquêtes de Morse diffusé ce dimanche 30 janvier 2022 à 21h10 sur France 3.
Léger » et « enjoué » ne sont pas des mots que l’on associe toujours à Morse, surtout dans la série actuelle, avec ses échos amers du chagrin et de la désillusion laissés par un décès à Venise. Pourtant, « La Vérité toute nue » commence comme il se doit pour un opéra comique, avec des scènes qui rappellent davantage le récent drame, The White Lotus. Une musique enjouée (le compositeur Matthew Slater, en collaboration avec le réalisateur Ian Aryeh, s’occupe de la lumière et des ombres de cet épisode, tant sur le plan thématique que visuel), des couleurs acidulées plus à l’aise sous un soleil tropical que sous des flèches rêveuses, un directeur d’hôtel dont le sourire professionnel peut masquer des problèmes personnels. Vous ne serez pas surpris d’apprendre que les deux spectacles comportent un meurtre. Plusieurs, dans ce cas. En revanche, vous hausserez probablement un sourcil en apprenant que la série Les enquêtes de Morse de cette semaine, comme The White Lotus, comporte une part importante de nudité.
C’est Strange, inévitablement, qui est confronté à des scènes un peu plus… disons, naturelles, que celles auxquelles il est habitué lorsqu’il arrive dans un hôtel nudiste pour interroger ses clients sur le meurtre d’un chauffeur de taxi. Le mort, abattu d’une balle dans la tête par quelqu’un qui se trouvait sur la banquette arrière de son taxi, est retrouvé dans le véhicule abandonné sur un chemin de campagne voisin. Pour une fois, DeBryn procède à une autopsie tardive ; il doit d’abord se livrer à une dissection beaucoup plus agréable au cours du déjeuner. (Ne vous inquiétez pas, c’est seulement la meilleure tarte de l’Aigle. C’est agréable d’entendre que le plaisir de quelqu’un reste intact, en tout cas).
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Morse aperçoit un mot croisé terminé près du corps de la victime et ressent un bref sentiment de parenté. Pas pour longtemps, d’ailleurs. Une ex-femme et un petit garçon aliéné, une nouvelle maîtresse qui est la dernière d’une longue série de conquêtes extraconjugales, et des collègues qui se souviennent de ses habitudes de jeu : ce type n’est vraiment pas la tasse de thé de Morse. C’est le premier d’une succession de morts mystérieuses qui vont conduire à un aspect plus sordide de la vie à Oxford, bien loin des ébats de Carry On dans le refuge pour naturistes que dirige allègrement le major Jones (Andrew Woodall). Comme toujours, Morse et ses collègues devront faire la lumière sur une intrigue qui s’épaissit rapidement. Beaucoup de gens sont interrogés dans cet épisode sur des secrets qu’ils préféreraient ne pas partager. Mon préféré est Lee Timothy (Shadrach Agozino), un laveur de vitres qui n’avouera rien, merci beaucoup.
Cette huitième saison est en proie à des fantômes indésirables, mais la vision qui atterrit sur le pas de la porte de Morse n’est pas amenée par un car fantôme mais par un taxi de la propre entreprise du défunt. Il s’agit de Gwen, la belle-mère mal aimée de Morse. Coincée entre deux déménagements, elle n’a nulle part où aller, et elle et son beau-fils aigri vont devoir se débrouiller avec leur arrangement de couple bizarre pendant quelques jours. Endeavour se réfugie dans des bouderies d’adolescent et des silences maussades, tandis que Gwen le réprimande pour ce qu’elle considère comme une déloyauté de classe envers Morse père, lui-même chauffeur de taxi, au cas où nous l’aurions oublié.
Tout est dit, bien sûr – la mère perdue de Morse, l’abandon, le blâme. « Je ne l’ai pas tuée », lâche Gwen lors d’une dispute décisive. Morse la regarde avec stupeur, comme si cet homme des plus perspicaces n’avait jamais compris pourquoi il la détestait jusqu’à présent. Ils ne se réconcilieront jamais, bien sûr, enfermés dans leurs propres griefs. La famille est à la fois fière et terrifiée par un fils qui veut aller à Oxford et dont le désir de prendre ses distances est plus douloureux qu’elle ne veut bien l’admettre. L’enfant solitaire devenu un homme renfermé qui, quelque part, doit aspirer à être l’un des garçons. On se demande, perfidement, s’il n’aurait pas été mieux avec quelqu’un comme Gwen : quelqu’un pour crever la bulle, le genre de femme qui pourrait briser un mur de silence avec le bon mot. Mais c’est Morse, pour qui amour et souffrance sont synonymes.
En parlant de ça, Joan et Strange se rapprochent. (Je l’ai vu venir. Non, c’est moi.) Reste à savoir si Joan sera capable de mettre de côté son sens de la justice sociale pour fréquenter un membre consciencieux de la Loge maçonnique. Pour l’instant, il faut assister à un concert des Carpenters à Londres et se faire insulter par le colocataire de Joan qui attend Morse lorsqu’il se rend tard dans la nuit chez son ancien amour. Comme quelqu’un d’autre le chantera presque plus tard, qui va le reconduire chez lui ce soir ? Le chauffeur de taxi qui l’a renversé alors qu’il déambulait ivre sur les routes secondaires d’Oxford, en fait.
Pour rappel, l’épisode 2 de la saison 8 des Enquêtes de Morse est diffusé ce dimanche 30 janvier 2022 à 21h10 sur France 3.