Comme le titre l’indique, Liam Neeson joue le rôle d’un routier des glaces qui doit conduire un camion sur une route glacée (Ice Road). Peut-être est-ce évident, peut-être est-ce le type de film qui aime dire les choses clairement, alors dans l’esprit du film qui dit les choses clairement, je vais moi aussi dire les choses clairement. Et ici, on est obligé d’invoquer la série Le Convoi de l’extrême dont d’anciens épisodes sont encore régulièrement rediffusés sur RTL9 et RMC Découverte, qui a sensibilisé le monde à l’un des métiers les plus dangereux au monde – un métier que le personnage de Liam Neeson sur grand écran pourrait assumer, sans problème. Qui sait, si ce film attire suffisamment de spectateurs, son prochain film d’action sera peut-être Péril en haute mer : Liam Neeson pêche des crabes !
Alors Ice Road, on va le voir au cinéma ou on reste à la maison ?
MINE DE DIAMANTS DE KATKA, MANITOBA DU NORD : Une explosion de méthane de mauvaise qualité piège 26 mineurs sous terre. Leur air s’épuise. La seule chose qui peut les sauver est une tête de puits de 25 tonnes, et si c’est vrai, pourquoi Liam Neeson ne joue-t-il pas la tête de puits de 25 tonnes ? Parce que ce n’est pas dans ses cordes ? Quoi qu’il en soit, ils n’ont pas de tête de puits de 25 tonnes, alors ils doivent en commander une au Dakota du Nord. Malheureusement, il n’est pas éligible à la livraison en un jour d’Amazon Prime, donc quelqu’un va devoir en mettre un sur un camion et le transporter sur des routes glacées d’avril, et l’homme qui conduira ce camion devra être Liam Neeson.
Un peu d’histoire : Notre protagoniste Liam Neeson s’appelle Mike, que nous rencontrons en train de frapper quelqu’un. Mike est chauffeur routier et son frère Gurty (Michael Thomas) est son mécanicien. Gurty est un vétéran de guerre souffrant d’aphasie, et son frère doit donc s’occuper de lui. On peut débattre de la question de savoir si frapper l’oiseau de merde, c’est s’occuper de lui ou non, mais Mike les fait virer tous les deux pour avoir frappé l’oiseau de merde. (Mike essaie d’emmener Gurty à l’hôpital des vétérans pour alléger son fardeau de gardien – « Je n’ai plus beaucoup de pneus sur mes bandes de roulement » est la phrase qu’il prononce, ce qui semble être une métaphore confuse, mais peu importe, continuons. Le médecin balance des opioïdes lourds à Gurty, et au lieu de le frapper, Mike dit : « Embrasse mon cul d’Irlandais ». Je pense que c’est un progrès.
Ils sont engagés par Goldenrod (Laurence Fishburne) pour transporter une tête de puits de 25 tonnes sur les routes glacées d’avril pour sauver les mineurs, et les 50 000 dollars de salaire – chacun ! – leur permettra d’acheter leur propre engin et de se mettre à leur compte. Goldenrod et Tantoo, une jeune amérindienne coriace (Amber Midthunder, Legion), transporteront également des têtes de puits de 25 tonnes sur la glace fondante d’avril. Le raisonnement est le suivant : c’est tellement dangereux que si un camion tombe, et qu’un autre tombe, il restera au moins un camion pour sauver les mineurs, que nous voyons dans des scènes dramatiques qui semblent inutiles jusqu’à la fin du film. Varnay (Benjamin Walker d’Abraham Lincoln : Chasseur de vampires), un actuaire d’assurance, se joint aux camionneurs pour le voyage. Si vous n’êtes pas sûr de ce que fait un actuaire, c’est quelqu’un qui évalue les risques, ce qui fait de Jack de Fight Club un actuaire et de Varnay le personnage de Paul Reiser dans Aliens. Il ne reste plus qu’à transporter des têtes de puits de 25 tonnes sur de la glace fondante d’avril. SI SEULEMENT C’ÉTAIT AUSSI SIMPLE.
Notre avis sur Ice Road
Une fois que Ice Road se met en route (sur la route de glace fondante d’avril, bien sûr), c’est à fond la caisse, un spectacle d’action serviable du réalisateur Jonathan Hensleigh (The Punisher, 2004). L’intrigue tortueuse et surcompliquée est, comme on dit, une suite de maudites choses, certaines tout à fait réalisables, d’autres moins, la plupart prévisibles. Mais toutes ces satanées choses sont conçues pour tester l’ingéniosité du personnage de Liam Neeson, qui devra inévitablement saisir un pistolet et sortir de la cabine d’un semi-remorque en marche ; ce n’est pas Fury Road, loin de là, et il n’est pas un War Boy, mais aucun des War Boys n’était armé de la gravité brevetée de Liam Neeson.
Inutile de dire que des problèmes remarquablement complexes sont résolus – souvent à l’aide de grosses chaînes, de câbles lourds, de tapis de traction et d’autres outils du métier de camionneur – en un temps remarquablement court et avec des raccourcis cinématographiques. Le film nous montre un peu de physique mais aussi une bonne dose de peur qu’il ne soit trop pragmatique et moins artificiellement excitant. Mais une excitation artificielle reste une excitation, pour autant que l’on suspende son incrédulité. À un moment du film, lorsque les camions sortent de la route de glace, nous regardons nos montres et nous réalisons qu’il semble rester beaucoup de film, mais nous nous assurons que, oui, c’est le type de film qui déposera une dernière longue couche de glace fine sous les pneus avant qu’ils n’atteignent les mineurs qui s’asphyxient lentement.
Le film présente un sous-texte moins que médiocre sur le mauvais traitement des vétérans par le système américain et sur le racisme auquel Tantoo est confronté. Cela ressemble à de la poudre aux yeux, et il est probablement préférable que le film ne prenne pas la peine d’aborder ces questions s’il ne fait pas preuve de diligence. Il dure déjà 109 minutes, ce qui est peut-être un peu trop long pour un film sur le transport d’un 25 tonnes… enfin, vous savez. C’est un film qui n’existe que pour ses prises de vue dérisoires de semi-remorques grondant sur de la glace craquelée, de camions filant sous une aurore boréale, de Liam Neeson serrant les dents et faisant ce qu’il faut. Franchement, on ne devrait pas en demander plus à Ice Road.