Contrecoups fait le choix délibéré de ne pas donner de noms à ses personnages. Le dernier thriller de Netflix, Contrecoups, bénéficie d’une distribution de haut vol, avec notamment Jesse Plemons, Lily Collins et Jason Segel.
Malgré la durée d’une heure et demie du film, ses personnages restent inconnus, puisqu’ils ne sont appelés que le PDG (Jesse Plemons), la Femme (Lily Collins) et le Cambrioleur (Jason Segel). Cette décision créative n’est en rien accidentelle, car elle permet aux identités des personnages du film d’avoir un impact délibéré.
Réalisé par Charlie McDowell, Contrecoups commence apparemment par un cambriolage. Au fur et à mesure que le film progresse, il se transforme en une prise d’otages qui met en évidence le désespoir des personnages en présence. Bien que le thriller se déroule principalement dans la propriété du couple riche, il parvient à démêler les complexités des inégalités économiques par ses métaphores et ses conversations intimes. En fin de compte, vers la fin, Contrecoups se révèle être un film sur les choix, exposant ceux qui sont piégés et libérant ceux qui sont enchaînés.
L’effet de Contrecoups sur son public repose en grande partie sur ses personnages, et leur absence de noms réels. Au lieu d’avoir des noms personnalisés, ils ne sont appelés que par les rôles qu’ils jouent dans la vie : le PDG, sa femme et le Cambrioleur. De ce fait, Contrecoups se concentre sur ses thèmes, en soulignant le fossé entre le cambrioleur et ses victimes. À ce stade, bien que le film soit axé sur les personnages, leurs identités n’ont pas nécessairement d’importance. Les spectateurs sont libres de se faire une opinion et de projeter leurs propres émotions sur les personnages sans nom, ce qui fait du film une expérience plus immersive.
Le fait de priver le public des noms des personnages n’est pas propre à Contrecoups. Cependant, cette décision montre que le PDG, la Femme et le Cambrioleur ne sont que des visages représentant leur lot dans la vie. Interprété par Jesse Plemons, dont le récent rôle dans The Power of the Dog a séduit les critiques, le PDG est défini par son rôle. Il est caractérisé comme quelqu’un de détaché de la réalité, mais qui a droit à la vie et au destin des autres. Il ne montre aucune profondeur, à part son désir d’éliminer les profiteurs et de maximiser ses profits autant que possible. L’épouse, quant à elle, est étiquetée comme telle puisque, tout au long du film, elle est simplement considérée comme le prolongement de son mari. Bien qu’elle se sente impuissante et étouffée par son mariage, elle n’a d’autre choix que de s’en tenir à sa décision.
D’autre part, le Cambrioleur est nommé littéralement. Il est considéré comme un homme ordinaire, simple dommage collatéral des avancées que le PDG met en avant pour son profit personnel. Contrairement à l’épouse, qui a donné un aperçu de sa vie privée, les détails concernant le Cambrioleur sont inconnus de tous dans Contrecoups. Cela correspond à l’intention du film de refléter le fossé entre les classes sociales, comme dans Lupin et Parasite, où les riches négligent les moins fortunés. Établir un lien avec eux est un inconvénient, donc plus l’objectif du Cambrioleur est atteint tôt, mieux c’est pour le PDG. Après tout, la somme demandée par le Cambrioleur a à peine fait une entaille dans les comptes du PDG ; ce qui a été un événement transformateur pour le premier n’a été qu’un hoquet dans la vie du second.
En introduisant des personnages sans nom, Contrecoups oblige son public à se rendre compte du réalisme de son intrigue. Au lieu de créer son propre monde avec ses propres personnages et événements, le film confirme en quelque sorte que ce qui s’est passé avec le Cambrioleur, le PDG et la Femme peut arriver à n’importe qui correspondant au moule. Avec cette disposition des personnages, les spectateurs peuvent réfléchir sur eux-mêmes, car Contrecoups dépeint leurs expériences ou leurs histoires communes à l’écran.